Fondée en 1840, la Biscuiterie LEFEVRE-LEMOINE est la plus ancienne fabrique familiale de pain d'épices de Lorraine.
Antoine Lefèvre s’installe à Nancy en 1840 et fonde une fabrique de biscuits et de pain d'épices, il a 26 ans et fait appel à son jeune frère pâtissier Jean-Romain Lefèvre, de cinq ans son cadet ; les frères travailleront ensemble à Nancy jusqu'en 1846. Antoine et Jean-Romain travaillent rue de la Faïencerie, aux côtés du boulanger Nicolas Bernard, le premier beau-père d'Antoine. Le frère ainé Louis Lefèvre-George s'installe en 1848 à Sedan pour y fonder également une fabrique de pain d'épices.
Hubert Finouslt, un fabricant de pain d'épices bruxellois, proche ami et futur beau-frère d'Antoine, séjournent à Nancy, et partage avec eux ses recettes et savoir-faire.
Les deux frères fabriquent ainsi des macarons, des patiences, des croquignolles, des biscuits de Reims, mais aussi du pain d’épices.
Puis Antoine épouse mademoiselle Philogène Denise et dénomme sa fabrique de pain d'épices "LEFEVRE-DENISE".
On retrouve, en 1846, le petit-frère frère Jean-Romain installé à Nantes ; il a 27 ans. Suivant l'exemple de son frère ainé Antoine, Jean-Romain y fonde également une fabrique de biscuits. Il épouse quant à lui une demoiselle Pauline Isabelle Utile en 1850 et dénomme son entreprise "LEFEVRE-UTILE".
Sous la direction d'Antoine, la Maison Lefèvre-Denise acquière une grande réputation dans la fabrication des célèbres biscuits de Reims de 1840 à 1880, mais surtout dans la fabrication de son pain d'épices, et de ses macarons aux amandes.
Antoine réalise des pavés de santé, en pain d’épices à la farine de seigle, dit rafraichissant et facilitant la digestion. Il confectionne également des pains d’épices à la farine de blé comme les nonnettes et les Dijon. Ces derniers peuvent être décorés d’amandes, d’orange ou d’angélique.
Antoine fabrique des couronnes en pain d’épices qu’il décore de fruits confits et des pains d’épices glacés appelés Simonins, Guertvillers, Claudinets, ou Glacés minces.
Le pain d'épices de Lefèvre-Denise est connu dans tout l'Est de la France et rivalise avec celui de Reims et de Dijon. Les nonnettes surfines de Lefèvre-Denise, petits ronds de pain d'épices glacés et fourrés à la confiture, se déclinent à de nombreux parfums : vanille, abricot, raisins, ananas, pêche, framboise, orange, chocolat, fraise, myrtille, mirabelle, bergamotte...
Afin de mieux identifier ses produits, Antoine adopte la figure de saint Nicolas, bien connu des Lorrains, des belges et des Allemands, et la devise "Au Grand Saint Nicolas". Ce sera désormais l'enseigne de son magasin 55, rue Saint-Dizier à Nancy.
Dès 1840, Antoine Lefèvre est très attaché au saint patron des Lorrains. La fête de saint Nicolas a lieu le 6 décembre, elle est fêtée en Alsace et en Lorraine, et c'est l'occasion pour les confiseurs et les pâtissiers de confectionner de nombreuses sucreries destinées aux enfants : chocolats et sucres rouges à l'effigie du saint... A l'époque, pas question du père noël !
Le pain d'épices n'est pas en reste, au contraire. Les saints Nicolas en pain d'épices peuvent être revêtus de belles images mais aussi recouverts de glace royale et peint à la main.
Antoine et son frère Jean-Romain Lefèvre-Utile sont récompensés à Nantes en 1861 pour leurs macarons, leurs tablettes de bergamotte, leurs biscuits et leur pain d’épices.
Nicolas Eustache Céry est d'origine meusienne, tout comme Antoine Lefèvre. Il s'est installé fabricant de pain d'épices rue Bossuet à Dijon en 1820. Les familles Céry et Lefèvre multiplient les liens amicaux et "biscuitiers" entre Dijon et Nancy. Antoine Lefèvre fait même mentionner sur certains emballages et étiquettes des années 1850 "Maison à Dijon".
Antoine travaille également avec les Maisons Rondot, 16, rue du Chapeau Rouge à Dijon, Pernot-Gilles, 34, rue Devosge, à Dijon, Roland, 10, rue Guillaume, à Dijon, Ragoix-Theureau toujours à Dijon, mais aussi Rogeron-Mothé, rue Bertin à Reims, Gantier à Paris et Sigaut toujours à Paris.
Louis Lefèvre prend les rênes de l'entreprise au décès de son père Antoine en 1880. Il a 29 ans, a épousé Honorine un an auparavant, et une petite fille est déjà née : Maria. Louis maintient les recettes qui on fait le succès de l'entreprise familiale: pain d'épices, biscuits, macarons et confiseries. Il fait construire une usine en 1896 à Laxou, faubourg de Nancy, et devient le fabricant incontournable des tablettes de bergamotte, dont Nancy avait la réputation depuis le XVIIIème siècle, en déposant la marque "Bergamottes de Nancy" en 1898.
Louis Lefèvre obtient une médaille d’or en 1902 pour ses produits et son pain d’épices, puis un diplôme d’honneur en 1905, une médaille de vermeil à l’exposition internationale de l’Est de la France en 1909, et une médaille d’or en 1910.
Georges Lefèvre, le petit-fils d’Antoine, fonde, lui-aussi, une fabrique de pain d’épices en 1925. Il obtient une médaille d’or en 1927 pour ses produits, Macarons de Nancy et Bergamottes de Nancy, et son pain d’épices.
La Maison Lefèvre-Lemoine vous propose toujours son pain d'épices au miel, en pavé, glacé au sucre, fourré à la confiture d'orange, décoré d'amandes, mais aussi ses nonnettes, fourrées de confiture d'orange, de bergamottes, ou de mirabelles.
Les saints Nicolas en pâte dorée, ou glacés au sucre et décorés à la main, sont également toujours fabriqués d'octobre à janvier pour le plaisir des petits et des grands.